Ça s’est passé le 2 décembre… À mon corps défendant, et devant les questions insistantes d’enquêteuse en chef, je n’ai pu que m’incliner… Ma puce est désormais dans le secret des grands… elle ne croit plus au lutin de Noël. Snif! Ça va beaucoup trop vite!
Il y a d’abord eu ce plan secret, élaboré pendant des jours avant même l’arrivée du lutin, qui visait à le filmer pendant la nuit. “Maman, me glissait-elle tous les soirs à l’oreille pour éviter que le Père Noël n’entende, on va se lever pendant la nuit avec la tablette et on va surprendre le lutin et le filmer, hein? On va le faire?”. Ha oui! Elle était bien fière de son plan.
Les premiers doutes
Fidèle à son habitude, le lutin est arrivé chez nous dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre… Mais ma puce ne semblait pas réagir de la même façon… “Maman, tu me le dirais n’est-ce pas si c’était toi qui te levait la nuit pour faire des coups, et pas le lutin?” Ce à quoi je répondais : “Qu’est-ce que tu en penses ma chérie, est-ce que tu crois que c’est moi? Qu’est-ce que tu aimerais mieux? Que ce soit moi, ou que ce soit un vrai lutin?”. Elle retournait alors dans son monde magique, se convaincant elle-même, une fois de plus, qu’elle avait un vrai lutin.
Je le voyais bien que l’histoire arrivait à sa fin… mais je croyais sincèrement que la magie allait opérer jusqu’à Noël. Je pensais avoir encore un mois à la faire sourire et éclater de rire le matin au réveil, devant les frasques du compagnon nordique. Il faut le dire, j’aimais aussi beaucoup la voir s’inquiéter de sa bonne conduite et s’acquitter avec ferveur des tâches apportées par son lutin, qu’elle pouvait enfin lire de façon autonome pour la première fois!
L’interrogatoire
Mon espoir aura été de courte durée. Ça n’aura pris qu’une journée (UNE JOURNÉE!) pour que ma fille, ma perspicace et intelligente petite puce, m’accule au pied du mur.
– Dis-le moi, maman, que c’est toi. Je veux savoir! Je ne veux pas de mensonge! C’est toi, le lutin, maman? Dis-le moi!
– Mais qu’est-ce qui te fait croire que c’est moi, ma puce?
– Tu prends toujours un peu plus de temps pour descendre, lorsque papa va me coucher. Je suis certaine que tu places les choses! Et le lutin ne me donne jamais ce que je lui demande en secret, sauf quand tu es dans la pièce et que tu entends…
L’aveu
Et patati, et patata… elle était lancée, ma petite détective, et me dressait la liste de toutes ses observations. Je n’ai au d’autre choix que d’avouer. J’étais en larmes… elle aussi.
Une bonne vingtaine de minutes, nous nous sommes enlacées en pleurant. Je crois que je pleurais la perte brutale de sa naïveté… C’est si beau, croire en la magie de Noël! Je trouvais ça dommage pour elle, de se retrouver avec un monde moins magique. C’est vraiment difficile à expliquer… comme si la réalité était trop terne et que j’étais triste qu’elle commence à voir le monde tel qu’il était.
Puis, après qu’elle ait pleuré un bon coups, me regardant de ses yeux incrédules, déçus, mouillés de larmes, elle a dit : “Alors, c’est toi qui te levait toutes les nuits pour faire des coups, écrire des messages? C’est toi qui faisait les origamis? C’est toi, la liste des bonnes actions?”
Son regard s’est transformé. L’incrédulité et la déception ont fait place à l’admiration et l’amour. “Tu as tout fait ça pour moi, maman? Toi et papa, vous avez fait tout ça pour moi?”. Alors que je regrettais presque toute cette mise en scène, le regard de ma fille m’a fait comprendre que nous avions fait la bonne chose, son père et moi. “Oui, ma petite merveille, on a fait tout ça, parce qu’on t’aime et on voulait te faire vivre des moments magiques. Oui, mon petit génie, tu as tout découvert! Tu es très intelligente!”
Noël, c’est l’amour
Il m’est impossible de décrire à quel point j’aimais ma fille à ce moment là, et à quel point je sentais qu’elle m’aimait. Une nouvelle connexion s’est établie entre nous. Quelque chose de si fort, de si puissant, que je n’arrive pas à le mettre en mots. Oui, c’est un peu cliché, mais je pense vraiment que l’histoire du lutin a contribué à tisser un lien encore plus fort entre nous et notre puce, qui développe, lentement, mais sûrement, sa pensée concrète.
Mais tout ça n’est pas terminé! Oh que non! Le Père Noël, lui, est toujours dans le décor. IL EXISTE, bon. Et n’allez surtout pas contredire la puce sur cette vérité. Cette année, elle y croit encore, et elle n’est pas prête d’arrêter. Du moins… je pense… :/