Ma fille a actuellement deux ans et demi. À quelque part dans les deux derniers mois, une force inconnue s’est emparée d’elle à mon insu et l’a transformée en monstre… Pour la première fois depuis que je suis mère, je me sens parfaitement incompétente face à cet être contradictoire qui habite sous mon toit… Bienvenue dans l’ère du Terrible Two!
On le sait. Tous les parents nous le disent : « Attends! Attends qu’elle ait deux ans ». Des articles innombrables nous préviennent également de l’arrivée du terrible deux. Malgré tout, nous ne sommes pas préparés. Pas préparés à ce que notre gentille fillette, colleuse, affectueuse, obéissante, qui dort toute seule et qui fait ses nuits depuis l’âge de deux mois, se transforme subitement en un gouffre de l’éternelle confrontation (admirez ici cette référence culturelle au classique des années 80 : Labyrinthe).
Il y a un mois, on pensait qu’on avait réussi. On pensait qu’on s’en sortirait, que la vie coulerait doucement, au gré de quelques «nons» bien sentis, mais isolés… Que le terrible deux se contenterait de nous faire subir seulement une ou deux crises «bacon», que nous regarderions d’un air attendri… Que maman se ferait interdire de chanter («Non, c’est MA chanson!») et que papa devrait obligatoirement jouer à la cachette («Cache, papa, cache! Non, pas là! Là!») sous peine d’une bouderie facile à interrompre. Oh! Que la vie nous a rattrapés!
J’ai peur!
D’abord, elle ne dort plus seule. Non. C’est fini. Elle a peur, madame. Peur des monstres, du noir, d’une ombre. Oui, c’est en plein la période normale pour ça, il paraît.
Certains articles que je lis disent qu’il faut simplement allumer la lumière et lui expliquer qu’il n’y a pas de monstres, que ça n’existe que dans les livres et à la télé, puis recoucher l’enfant… De toute évidence, les auteurs de ces articles n’ont pas une fillette rugissante, qui hurle sa vie pendant des heures et qui sort de son lit 40 fois pour venir nous rejoindre parce qu’elle a peur. Ces auteurs n’ont pas besoin de sommeil. Ils sont insensibles au fait que cette frayeur qui habite leur enfant est réelle et qu’elle pourrait empirer en les forçant à retourner seuls au cœur même de cette peur!
Bref, oui, nous avons capitulé. Contre tous nos principes, nous dormons actuellement à tour de rôle dans le petit lit de notre monstre de deux ans et demi, effrayée et esseulée. Et je me demande chaque jour comment nous allons nous sortir de ça. Laisser passer le temps? Pour l’instant, c’est ce qu’on fait… Ce texte de Naître et grandir me réconforte un peu dans le choix d’accompagner ma fille la nuit pour affronter ses peurs :
« Apprendre à affronter ses craintes est une étape importante du développement de l’enfant. Cela peut grandement accroître sa confiance. Par conséquent, vous jouez un rôle essentiel en l’aidant doucement et progressivement à combattre et à vaincre ses peurs. Mais n’oubliez pas de lui laisser le temps de le faire. S’il est bouleversé, réconfortez-le calmement en le tenant dans vos bras et rassurez-le en lui disant que tout ira bien. »
Mise à jour : la confection de Gloups le croqueur de cauchemar a aidé un peu notre “deux ans” effrayée à apprivoiser la nuit… Mais on est loin de la coupe aux lèvres!
Papa, pas maman!
Ma fille est également intensément dans une phase papa. Dans les premiers jours, je ne vous cacherai pas que ça faisait du bien. Le bain? «Papa!!!» Le changement de couche? «Papa!!!» Papa sort s’occuper du terrain? «Moi aussi veut dehors!».
Ça commence toutefois à me jouer sérieusement sur le système émotif… C’est comme si je commençais à comprendre que la phase «bébé» est terminée. Que je n’ai plus mon petit poulet colleux. Ma fille s’émancipe, elle devient indépendante et j’en suis heureuse. C’est simplement que je ne m’attendais pas à ressentir une douleur face à cette étape importante de sa vie. Cette nostalgie et cette tristesse que je ressens m’étonnent, me surprennent.
Je vais continuer à l’encourager dans son développement, mais j’espère tellement que la phase des gros câlins forts forts forts n’est pas terminée! J’espère qu’il en reste encore un peu pour maman.
Je sais…
Vous allez me dire : «Attends, attends à l'(pré)adolescence!». «Attends quand elle partira de la maison!»… Attends… Attends… Pour l’instant, je vais tenter de garder la tête hors de l’eau et de remettre mes émotions en place. Pour la suite, qui vivra verra. De toute façon, je le sais maintenant, aucun avertissement ne peux nous préparer aux épreuves rencontrées pendant la transformation de nos bébés en adultes épanouis. Tout ce que je peux faire, c’est faire de mon mieux pour que ma fille de deux ans se sente aimée, respectée et soutenue dans le processus.
Ma petite chérie, toutes les mamans passent par là. La preuve. Je m’en suis tirée avec deux merveilleuses petites princesses (voir monstres) et trois petits monstres (voir princes) qui ont également eu deux ans. C’est vrai que c’est une phase plus difficile et que bien souvent les mamans sont négligées par leurs petits mais c’est là le prix de l’apprentissage et de l’émancipation. Courage petite princesse.
Ah, ma petite maman d’amour, comme j’aimerais pouvoir te l’envoyer de temps en temps, pour que tu te rappelles les bons souvenirs 🙂
Hihihih, allez, je te fais un gros câlin! Fort fort fort, pour compenser pour tous ceux que j’ai dû te refuser quand j’avais 2 ans! XXXX